Editeur du mois : La Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB )

Le réemploi et la circularité dans les projets de la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB) 1 et des Sociétés Immobilières de Service Public (SISP) 2.

La SLRB, en tant qu’acteur public, souhaite stimuler le réemploi et la circularité dans ses projets de rénovation et construction de logements sociaux afin de répondre aux enjeux environnementaux (changement climatique, gestion des ressources non respectueuses des limites planétaires, perte de la biodiversité), sociaux et économiques.

Nous souhaitons notamment, à travers nos marchés publics, privilégier la rénovation et le maintien des bâtiments existants, opter pour des produits reconditionnés, rénover les bâtiments avec des matériaux de réemploi et privilégier l’achat de matériaux fabriqués à partir de contenus recyclés.

Dans ce cadre, la SLRB a mis en place une « commission circularité » qui réunit des membres de différents services de la SLRB et des représentants de certaines SISP.

Il s‘agit d’un espace d’échange permettant à chacun de partager les expériences (points d’attention/ bonnes idées/ risques) et d’élaborer des documents types permettant au secteur de visualiser les différentes actions possibles en fonction du type de marché et en fonction du planning.

L’objectif de cette commission est de travailler sur l’intégration de la circularité et du réemploi principalement dans les marchés de travaux lancés par la SLRB et les SISP.
Cette commission a notamment pour objectif de mettre en place un certain nombre d’outils à disposition des gestionnaires de projet :

 

  • Cahiers des charges types pour la réalisation d’inventaires de réemploi

La Commission circularité finalise la rédaction d’un Cahier des charges type pour établir un inventaire réemploi et des tests de déconstruction.

Il a été mis en place en collaboration avec le facilitateur bâtiment durable et après consultation préalable des acteurs du secteur du réemploi.

Ce document sera mis à disposition des collaborateurs et des SISP en vue de faciliter et systématiser la réalisation d’inventaire avant les rénovations.

 

  • Démarches à suivre tout au long du processus en vue d’intégrer des objectifs de réemploi:

La Commission a identifié les éléments principaux à prendre en compte tout au long du processus de développement d’un projet pour y intégrer des ambitions de réemploi : les objectifs et les points d’attention ont été définis pour chaque étape clé, sous forme d’un arbre de décision.

 

  • Clauses administratives spécifiques pour les Dossiers de Base d’Adjudication

La Commission a également rédigé des clauses types spécifiques, à intégrer dans les clauses administratives des cahiers des charges « Marché de travaux ».

 

Plusieurs solutions ont été proposées lors des échanges de la Commission, sur base des expériences concrètes des SISP et de la SLRB. Nous en mentionnons ici quelques-unes :

  • Les clauses de réexamen permettant plus de flexibilité en chantier ;
  • L’obligation de réutiliser certains matériaux in situ ou d’en fournir provenant des filières de réemploi à un prix maximum déterminé au préalable ;
  • Les quantités présumées et les sommes à justifier permettant une certaine sécurité sur les prix envisageables ;
  • Le multicritère et la note méthodologique permettant l’identification de l’engagement des entreprises dans le projet en termes de circularité.

 

  • Quelques exemples de projets modèles

Les Sociétés immobilières de Service Public et la SLRB ont déjà vu leurs projets récompensés par Renolab et Be.exemplary en tant que projets de construction et de rénovation exemplaires en termes de développement durable et circularité. Entre autres, on peut citer notamment :

 

Le projet Kersbeek (Foyer du Sud) du bureau d’études &sens, réalisé par l’E.G Malice :

Ce projet consiste en la rénovation complète des 11 maisons unifamiliales de la Cité Jardin Forest Vert. Le chantier vient de se terminer et sera inauguré le mois prochain. Le projet a été élu lauréat Be exemplary 2017 et intégrait déjà plusieurs principes de circularité en prévoyant le maintien d’éléments préexistants, leur valorisation in situ ou ex situ mais également l’utilisation de matériaux de réemploi provenant de filières externes.

 

 

A titre d’exemple :

  • Les briques provenant du démantèlement des dépendances ont été réutilisées pour construire des murs de séparation entre les jardins arrière,
  • Les chemins d’accès ont été réalisés avec des dalles de récupération issues de la phase de démolition,
  • Les revêtements des terrasses, les portillons entre maisons, les seuils ainsi que les marches des escaliers extérieurs ont été réalisés avec des éléments de récupération provenant des filières externes,
  • Les menuiseries intérieures ont été traitées et replacées sur le site.

La circularité c’est aussi concevoir de manière « réversible » et plus particulièrement de penser tout le cycle de vie des bâtiments dès la conception en anticipant leur capacité à changer en étant flexibles, modulables, réversibles et déconstructibles.  L’idée est d’anticiper le démontage dès la conception, afin d’éviter le gaspillage futur de matériaux. C’est dans ce cadre que le projet prévoit aussi une flexibilité d’utilisation des espaces, de manière à s’adapter aux nombres d’occupants et de faire évoluer le nombre de chambres sans devoir « démolir ». Pour l’aménagement des abords, le MO a également fait appel à une entreprise spécialisée, visant l’intégration sociale et professionnelle des personnes handicapées ou défavorisées.

 

Le projet Général Jacques (BinHôme) :

Rénovation complète d’un immeuble de 61 logements situé à Ixelles : le chantier a débuté en septembre 2023, le projet de rénovation prévoit le réaménagement des appartements (5 appartements 3 chambres, et 56 appartements 2 chambres).

 

Ces logements sociaux gérés par la société immobilière de logement BinHôme, sont remis à neuf avec des ambitions de circularité.

Le projet vise avant tout à préserver la majorité des matériaux actuels en maintenant la distribution et les typologies d’appartement.

De plus, l’immeuble possède une quantité de matériaux qui pourraient être réutilisés car qualitatifs. Ceux-ci ont été classifiés dans un inventaire réemploi en amont de l’étude du projet. Il est important pour la SLRB de favoriser le réemploi et la rénovation de matériaux in situ, dans le cadre des travaux prévus. Ensuite, un travail minutieux de choix entre restauration, rénovation ou maintenance a été fait, en priorisant les travaux ayant le moins d’impact environnemental, mais le plus d’impact architectural.

 

Le projet Clos des mariés (demande RENOLAB en cours) à Ixelles (réalisé par la SISP BinHôme) :  

 

Il s’agit d’un projet de rénovation lourde de quatre bâtiments à valeur patrimoniale en 31 logements sociaux. Compte tenu de l’état et de l’intérêt des bâtiments, un inventaire détaillé, en vue d’établir les possibilités de réemploi, a été réalisé pendant les phases d’études de faisabilité.

 

Dans le cadre du marché de services, l’inventaire a été fourni et des objectifs clairs à atteindre étaient fixés en ce qui concerne le maintien de l’existant (min 60% du bâtiment à conserver), le traitement des matériaux déconstruits (min. 60% de recyclage), le réemploi de matériaux (min 4% de réemploi) et l’usage de matériaux biosourcés.

Un outil permettant de suivre l’origine et la destination des matériaux employés (tableau de monitoring mis en place par ROTOR) a également été fourni. Celui-ci a servi de base aux propositions architecturales. Il est tenu à jour à toutes les phases du projet et permet de maintenir le suivi des objectifs à chaque étape.

Ainsi le tableau nous permet d’estimer aujourd’hui que 86% du bâtiment existant sera maintenu en place et 52% (en masse) des matériaux utilisés dans le projet sont issus des filières de réemploi (en phase de soumission du marché de travaux).

 

 

Le projet est également accompagné par un expert en économie circulaire qui a pu aider à définir les objectifs, mettre en place les méthodes de suivi (et notamment le tableau de monitoring), identifier les points d’attention majeurs et surtout aider à poursuivre et atteindre les objectifs fixés au démarrage du projet.

 

 

Le projet Ugueux (BinHome) :

Le projet consiste en la rénovation d’un immeuble de quatre logements et pôle associatif, en un immeuble de sept logements, commerces et pôle associatif. Le projet est commandé par BinHôme et a pour objectif d’accueillir des personnes isolées et âgées. Le quartier est à ce jour, composé principalement, de maisons unifamiliales, de ce fait, ce nouveau programme permet de créer une nouvelle dynamique de quartier. Le bâtiment se veut être un signal qui marque un cœur de quartier et encourage la cohésion citoyenne de l’ensemble. L’écriture architecturale se veut interpellant et identitaire, tout en restant à l’échelle du lieu. L’immeuble comporte quatre façades et est entouré de jardins. A l’avant le jardin est connecté à la rue et permet d’accéder au bâtiment. A l’arrière, une partie est dédié au pôle associatif, tandis que le reste est à la portée des habitants de l’immeuble de logements.

Plus spécifiquement, le jury de RenoLab a soulevé les points forts suivants :

  • Bonne réutilisation/maintien/recyclage des matériaux ;
  • Bonne réversibilité spatiale et techniques des espaces et équipements ;
  • Performance énergétique volontairement très poussé (équivalente au neuf) ;
  • Mixité de programmes ;
  • Mobilité : parkings vélos, accessibilité PMR ;
  • Récupération isolation ;
  • Volets en bois réglables. »

 

Le projet Tilleuls : (BinHome)

Le projet de rénovation et transformation consiste en quatre opérations : la rénovation de l’enveloppe des appartements  centraux, intégrant des grandes terrasses, la rénovation lourde des appartements des extrémités, l’extension du bâtiment sur ses pignons nord et sud afin de créer des nouveaux appartements et d’en agrandir d’autres, et enfin l’extension en toiture des appartements du R+5 afin de créer des plus grands logements et de répondre à la demande de logements sociaux dans le quartier. Cette transformation radicale du bâtiment est l’occasion de concevoir une nouvelle enveloppe unitaire sur l’ensemble du bâtiment, de repenser l’aménagement des abords et ses usages et d’adapter le bâtiment aux demandes et usages actuels et futurs.

Plus spécifiquement, le jury de RenoLab a soulevé les points forts suivants :

  • Grande amélioration du bâtiment sur l’habitabilité ;
  • Prise en compte des habitants dans le phasage du chantier ;
  • Communauté d’énergie ;
  • Mobilité : cheminement piéton et cyclable / parkings vélo / accessibilité PMR du site ;
  • Forte amélioration du confort thermique, visuel et de la qualité de l’air avec une intervention rationnelle ;
  • Conception circulaire ; Bonne performance énergétique ;
  • Diminution des risques de surchauffe (surface vitrée limitée, décrochements, …) ;
  • Extension cohérente sans augmenter l’emprise du bâtiment ;
  • Attention aux matériaux faibles en COV.

 

Le projet Vanderstappen (Foyer Schaerbeekois) :

Cette rénovation complète de huit bâtiments de logements sociaux, situés dans la cité jardin du Ter Delt à Schaerbeek, s’inscrit dans une démarche respectueuse du patrimoine centenaire, tout en visant l’amélioration des performances énergétiques et la qualité des espaces extérieurs. Les rénovations seront effectuées avec une attention particulière pour la conservation des structures existantes, l’amélioration de l’isolation et la réduction des ponts thermiques.

 

Article rédigé par la SLRB, Mai 2024


[1] La SLRB est l’organisme d’intérêt public en charge du développement et de la promotion du logement social en Région de Bruxelles-Capitale.

[2] Les Sociétés Immobilières de Service Public (SISP) sont les propriétaires et gestionnaires des logements sociaux de la Région.